Le combat de Victoire Maçon Dauxerre contre l’anorexie
En France, 1,5 % des femmes, soit environ 230 000 personnes sombrent dans la spirale infernale de ce grave trouble alimentaire qu’est l'anorexie. La majorité des personnes atteintes a moins de 25 ans. Ce mal–être tue le malade à petits feux en prenant le contrôle de son mental et de son corps. Un ex mannequin qui s’est longtemps nourrie exclusivement de pommes révèle l’enfer d’une vie qui fait rêver des millions de jeunes filles. Voici son histoire…
L’anorexie est une maladie dont on parle souvent pour faire des vannes sur la maigreur de quelqu’un mais dont en connait si peu les conséquences.
L’amaigrissement maladif n’est qu’une partie émergente de l’iceberg, l’anorexie fragilise la santé et provoque à long terme de graves lésions et carences, détérioration des os et des dents, disparition des règles, perte des cheveux, entre autres.
De plus en plus de jeunes filles ont fait de l’anorexie un mode de vie, dans lequel elles voient une forme d’accomplissement. Elles vouent un culte à une déesse imaginaire, « Ana », qui les somme de maigrir par tous les moyens. Elles se considèrent obèses et guettent avec appréhension le moindre gramme pris sur la balance. Leurs égéries ? Victoria Beckham et Nicole Ritchie.
Le mouvement des pro-ana est né au début des années 2000 aux Etats-Unis et n’a pas tardé à envahir le monde. Ce qui était censé être un groupe de soutien et de réconfort pour les personnes souffrant de troubles alimentaires deviendra un mouvement louant et vantant l’anorexie.
Voici l’histoire de Victoire qui a miraculeusement survécu à l’anorexie
Victoire Macon Dauxerre était l’une d’entre elles. Pour sensibiliser le plus de jeunes filles, cet ex mannequin anorexique dénonce dans son ouvrage « Jamais assez maigre, journal d’un top model », l’univers dans lequel elle a été entrainée.
Elle n’avait que 17 ans lorsqu’elle a été repérée par un chasseur de têtes. Elle signe un contrat avec Elite et s’apprête à connaitre la gloire. A cette époque, elle ne pèse que 56 kilos pour 1m78 et pourtant elle n’était pas encore jugée « assez maigre ». Il lui fallait impérativement rentrer dans une « taille 32-34″. Trois pommes et un litre et demi de boissons gazeuses par jour. C’est tout ce que s’autorisait Victoire, pour avoir l’impression d’être calée, maigrir rapidement et espérer faire partie de la course pour défiler lors de la Fashion Week de New York. « Arrête de manger, tu vas grossir » se répétait-elle en boucle dans sa tête. Victoire s’affame pour passer du 36 au 32-34 et perd neuf kilos en huit semaines seulement. La moindre bouchée était une angoisse, le reflet de son corps dans le miroir lui mettait la pression.
Sa maigreur suscite l’admiration. Victoire cumule les contrats et défile pour les plus grands noms, qui se l’arrachent. Elle devient vite l’un des tops les plus courtisés au monde, mais dans l’envers du décor, Victoire périssait, elle n’avait plus ses règles, perdait ses cheveux, faisait de l’hypertension. Son IMC était de 15, ce qui correspond à un état de famine. Ses proches et ses amis ne voyaient rien à son mal, qu’elle dissimulait sous de gros pulls, faisant croire qu’elle s’alimentait convenablement.
Pis encore, son corps tout frêle et déminéralisé n’arrivait plus à tenir le rythme. Son anorexie à grand renfort d’adrénaline contrôlait sa vie. Victoire sombre dans la boulimie, elle se sent incomprise et si seule jusqu’au point de vouloir en finir avec ses jours. Un jour, elle craquera et se retrouvera dans un lit d’hôpital pendant trois mois. C’est à partir de ce moment, qu’elle prendra conscience qu’elle avait été manipulée, à un âge où elle était vulnérable et influençable. Le milieu de la mode est intraitable, pour les jeunes mannequins, auxquelles il est demandé d’avoir des corps de fillettes au détriment de leur féminité.
Victoire décidera de mettre définitivement fin à sa carrière furtive qui n’aura duré que huit mois. Son combat contre la maladie a été long et éprouvant, la jeune femme y survit et relève la pente tout doucement. Victoire réalise finalement qu’elle avait été traitée comme un vulgaire cintre. Aujourd’hui, c’est une jeune femme bien dans sa peau, qui pèse 64 kilos et qui rêve de faire carrière dans le cinéma.
Entre 2001 et 2012, trente mannequins sont mortes d’anorexie, d’overdose ou de suicide. Devant un taux de mortalité de plus en plus élevé, deux lois visant à lutter contre l’apologie de l’anorexie sur internet et à interdire aux agences de recruter des mannequins trop maigres ont été adoptées.