Un mystère sous les pistes : l’étonnante histoire des sépultures cachées d’un aéroport

Savannah abrite une énigme insolite : deux tombes discrètement enfouies sous les pistes d'un aéroport. Derrière cette réalité troublante se cachent une propriété familiale et un choix funéraire hors du commun.
Un aéroport construit sur une ancienne ferme : l’étonnante histoire derrière les pistes
Bien avant que les jets ne sillonnent le ciel depuis l’aéroport international de Savannah/Hilton Head, ces terres accueillaient une modeste exploitation agricole. Richard et Catherine Dotson, des fermiers nés en 1779, y cultivaient leurs champs dans les contreforts des collines Cherokee, loin de toute activité aéronautique.
À leur décès vers la fin du XIXe siècle, conformément aux traditions de l’époque, ils furent inhumés sur leurs terres avec une centaine d’autres défunts – membres de la famille, employés de la ferme et personnes réduites en esclavage ou libérées.
1942 : La guerre redessine le paysage
L’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale bouleverse tout. L’armée américaine réquisitionne le terrain pour en faire une base aérienne stratégique. La plupart des sépultures sont transférées au cimetière historique de Bonaventure, célèbre pour ses chênes majestueux. Mais les dépouilles des Dotson restent en place.
Pourquoi cette exception ? Leur testament stipulait clairement leur désir de reposer éternellement sur leur terre. Les autorités militaires, respectant ces dernières volontés, trouvent alors une solution pour le moins originale.
Des ancêtres sous les roues des avions
Aujourd’hui, les noms des Dotson sont gravés directement dans le béton de la piste 10, là où des milliers d’appareils atterrissent et décollent chaque année. Deux dalles discrètes marquent leur présence, enchâssées dans l’asphalte, témoins silencieux de l’histoire mouvementée de ces lieux. Il s’agit d’un cas unique au monde de sépultures intégrées à une piste en activité.
Quelle étrange sensation pour les voyageurs d’aujourd’hui, ignorant souvent qu’ils foulent une nécropole en transitant par cet aéroport…
D’autres résidents permanents près des pistes
Non loin de là, deux autres sépultures persistent malgré le développement aéroportuaire : celles de John Dotson et Daniel Hueston. Dissimulées dans un petit bois adjacent aux installations, elles témoignent de la même détermination des familles à préserver la mémoire de leurs aïeux sur les lieux mêmes de leur existence.
Savannah : une ville où le passé ne meurt jamais
Savannah cultive depuis longtemps sa réputation de cité mystérieuse et hantée, rivalisant avec Salem ou La Nouvelle-Orléans en matière de légendes paranormales. Chaque pierre, chaque arbre drapé de mousse espagnole semble raconter une histoire – qu’il s’agisse des vestiges de la guerre civile, des épidémies de fièvre jaune ou du douloureux héritage de l’esclavage.
Certains voyageurs affirment ressentir d’étranges présences dès leur arrivée. Les employés de l’aéroport connaissent bien ces récits et certains pilotes rapportent des sensations inexplicables lors des manœuvres près de la piste 10…
Quand l’histoire refuse de disparaître
Aujourd’hui considérés comme partie indissociable du patrimoine aéroportuaire, les Dotson symbolisent la résistance de la mémoire face au progrès. Leur présence insolite rappelle que sous chaque infrastructure moderne se cachent des strates d’histoire. Parfois, il suffit de regarder où on met les pieds pour redécouvrir le passé.
Cette cohabitation entre aviation moderne et sépultures anciennes offre une puissante métaphore : même à l’ère du high-tech, certains liens avec nos racines ne peuvent – et ne doivent – être rompus.